Geoffroy Geoffroy a evoque a le tour avec de nombreux raison, en repondant a Voltaire : « il va falloir retourner ce jugement. Le Malade imaginaire n’est point une farce, c’est une excellente comedie de caractere, ou l’on trouve, a J’ai verite, deux scenes qui se rapprochent d’la farce ; et meme, si la piece etait jouee decemment et sans charge, comme elle devra l’etre, il n’y aurait qu’une scene de farce, celle du deguisement de Toinette en medecin. Dans cette piece, qu’on voudrait fletrir du nom de farce, on voit combien l’amour desordonne d’la vie est destructeur de toute vertu morale. Argan, voue a J’ai medecine, esclave de M. Purgon, reste aussi un epoux sot et dupe, votre pere injuste, votre homme dur, egoiste, colere. Avec quelle energie et quelle verite l’auteur trace le tableau des caresses perfides d’une belle-mere qui abuse en faiblesse d’un imbecile mari pour depouiller les bambins du premier lit ! Quelle decence, quelle raison ! quelle fermete au caractere d’Angelique ! Cette comedie est l’image fidele de cela se marche au sein d’ un grand nombre de familles. Enfin l’auteur a ose y attaquer un des prejuges les plus universels et les plus anciens de la societe ; il a ose y combattre les deux passions qui font le plus de dupes, la crainte de la mort et l’amour d’une vie : il a bien pu les persifler, mais, helas ! il est au-dessus de son art de les detruire. Les usages ayant un force dans la faiblesse humaine, bravent la totalite des traits du ridicule. Moliere, on doit bien l’avouer n’a point corrige les hommes de la medecine, mais il a corrige les medecins de leur ignorance ainsi que leur barbarie. Les representations du Malade imaginaire ne diminuerent gui?re le credit des medecins en cour : madame de Maintenon madame de Maintenon n’en eut jamais moins de respect Afin de la Faculte ; le severe Fagon Fagon , digne emule de Purgon, n’en purgea nullement moins Louis XIV l’integralite des semaines ; les jours de medecine du monarque n’en furent jamais moins de journees solennels, des jours d’etiquette ; et les ecoles de medecine continuerent longtemps a retentir des arguments des Diafoirus. »
« On sait, dit encore Geoffroy, que le Malade imaginaire est la derniere piece de Moliere.
Cette piece, qu’on a coutume de apporter dans le carnaval, est en elle-meme un peu lugubre et rappelle une grosse chute. Quand Moliere joua le role du Malade imaginaire, il etait lui-meme attaque d’une maladie tres-reelle. Depuis un an, il s’etait reconcilie avec sa copine. Notre reconciliation d’un mari amoureux et jaloux avec une femme vive et coquette s’accorde en gali?re avec la cure du lait. Moliere oublia qu’il avait une poitrine, pour se souvenir qu’il avait votre c?ur ; mais il eprouva que le joie n’est gui?re si sain que le bonheur. Pour maintenir la excellente intelligence avec une femme tres-difficile a vivre, il fit des sacrifices qui augmenterent considerablement sa toux. J’ai mort sembla vouloir venger ses fideles medecins, plus je veux attaques au Malade imaginaire que dans aucune autre maladie. »
Moliere, en composant le Malade imaginaire, avait eu l’intention de « delasser le roi de ses nobles travaux, car on est au retour d’une premiere campagne de Hollande, signalee par quantite de triomphes. »
La piece, via des motifs qui ne semblent gui?re connus, ne pantalon point representee devant la cour, et elle fut donnee Afin de la premiere fois au public le 10 fevrier 1673, le vendredi avant le dimanche gras. « Au moment en quatrieme representation, le 17 du aussi mois, Moliere, qui remplissait le role d’Argan, dit M. Taschereau Taschereau , se sentit plus malade que de coutume. Baron Baron et l’ensemble de ceux qui l’entouraient le solliciterent en vain de ne pas jouer : « Comment voulez-vous que je fasse ? un repondit-il ; Il existe cinquante pauvres ouvriers qui n’ont que un journee pour vivre, que feront-ils si je ne a gui?re ? J’me reprocherais d’avoir neglige de leur apporter du pain un seul jour, le pouvant absolument. » Il fut convenu seulement que Notre representation aurait lieu a quatre heures precises. Sa fluxion le fit si cruellement souffrir qu’il lui fallut Realiser de grands efforts interieurs pour achever le role. Dans la ceremonie, i l’instant ou il prononca le mot juro, il lui prit une convulsion qui put etre apercue via deux spectateurs flingster payant, et qu’il essaya aussitot de deguiser avec un rire force. J’ai representation ne pantalon gui?re interrompue ; mais immediatement apres ses porteurs le transporterent chez lui, rue de Richelieu. La, sa toux le reprit avec une telle violence, qu’un des vaisseaux de sa poitrine se rompit. » Il mourut suffoque avec le sang.
Notre Malade imaginaire appartient, quant au fond, entierement a Moliere ; mais les commentateurs ont indique, comme ayant fourni au poete le canevas de quelques scenes : 1 o la piece italienne, Arlechino medico volante ; 2 o le Mari malade ; 3 o Boniface ou le Pedant, piece italienne, deja imitee dans le Mariage force le Mariage force , qui avait aussi fourni a Notre Fontaine La Fontaine le conte du Paysan qui possi?de offense le seigneur conte du Paysan qui a offense le seigneur . Si l’on en croit le temoignage d’un contemporain, Georges Backer, qui publia a Bruxelles, en 1694, une edition des ?uvres de notre auteur, les medecins auraient fera des demarches tres-actives aupres de Louis XIV Afin de empecher l’impression d’une piece.