Deux memes dans la tourmente
L’histoire de deux paisibles retraitees qui vont vivre une aventure qui va bouleverser leur vie.
DEUX MEMES
AU SEIN D’ LA TOURMENTE
Un petit bar sympa.
Dans le prolongement d’une rue de Lancry, au debut d’une rue en Grange aux Belles, apres avoir traverse le canal Saint Martin, se trouve un petit bar-tabac qui ne paye aucune mine. On doit dire qu’il n’est pas tres grand, seules des tables s’y disputent l’espace.C’est votre sirop d’habitues, la clientele est de voisinage faite de petits vieux et d’ouvriers a la fleur de l’age. Souvent des musicos viennent y jouer pour le plaisir et des coups a boire. Deux ou trois couples ont la possibilite de y danser, jamais plus, surpris le espace restreint. La sympathique et charmante patronne, le sourire a toutes les levres a i chaque fois un delicieux mot pour detendre les visages fatigues via de dures journees de labeur. L’atmosphere l’fait paisible, sans vagues et rien ne semble i?tre capable de en troubler la surface imperturbable.Pourtant, a y beaucoup regarder, tel dans l’integralite des lieux ou se joue une certaine sociabilite, le parcours de vie des habitues cache parfois des potentialites explosives. Dans votre quartier, encore ouvrier de Paris, les habitants sont en prise directe au milieu des mauvaises conditions de life, les difficultes d’embauches ou les logements insalubres. Le 10eme arrondissement reste l’un de ceux ou sevit i nouveau le saturnisme, maladie provoquee par nos vieilles peintures au plomb des appartements dont nos gens refusent d’engager les chantiers de renovation. Souvent, dans des immeubles vetustes, les cages d’escalier prennent feu. Des individus chelous, de noirs vetus, se glissent la nuit Afin de arroser des entrees d’essence avant d’y mettre le feu. Lorsque par chance aucune victime n’est a deplorer, des familles se retrouvent a la rue ayant bien perdu de leurs maigres effets.
En reponse aux difficultes d’la vie, une vie associative tres intense s’y reste developpee ainsi que beaucoup de initiatives individuelles.
Chacun s’engage dans des actions sociales pour tenter de soulager sa detresse et la misere ambiante. C’est en ecoutant nos conversations de bistro que l’on pourra mieux en sentir l’atmosphere. Vous pourrez s’y poser aux heures d’affluence Afin de entendre de droite ainsi que gauche l’echo des luttes qui s’y developpent.Le bar-tabac de la rue en Grange aux Belles n’echappe jamais a une telle norme bien qu’elle peut s’y exprimer d’une maniere differente. Ici pas de conversation enflamme Afin de troubler l’atmosphere sereine. Il faudra venir s’y asseoir et bien observer et observer longtemps Afin de saisir que la aussi des volontes s’investissent et se mobilisent. Cela se devine a des petits rien, des reflexions entendues par inadvertance, des explosions de colere aussi soudaine que vite reprimee avec un sourire et un mot de consolation de la patronne. Il convient vraiment y venir pendant longtemps et pratiquer une observation aigue des habitues Afin de s’apercevoir que quelque chose, ici, comme ailleurs, trouble la surface calme de l’eau qui dort. Toutefois, il ne va falloir nullement y chercher le militant d’Act-up, du Droit au Logement ou n’importe quel militant politique de gauche. Ici, pas de faunes politiques et gesticulantes, seulement des gens tranquilles, simples et avis sur fling secrets. Par exemple, parmi la clientele, deux petites vieilles y ont retourne un habitude.Deux charmantes memes beaucoup appreciees. Arrivant i chaque fois a la meme heure, forcement papotantes, i chaque fois ensemble. Elles connaissent tout le monde et interpellent bien le monde via son prenom avant de s’asseoir toujours a la meme place, juste i ci?te en caisse.Ce sont vraiment deux charmantes vieilles, respectees et respectables, forcement pretes a rendre service. Naturellement, elles ne peuvent aider pour des demenagements, elles sont taillees comme des baguettes de pain. Tout votre qu’elles peuvent soulever, c’est le panier Afin de promener un chat qu’elles trimballent bien le temps avec elles. Mais a part ca, forcement pretes a repondre a Notre moindre sollicitation. Le chat les accompagne dans l’ensemble de leurs deplacements. Cela parait que i§a est bon pour le moral de voyager dans la rue. Selon, elles, plus le minou voit du pays et du monde, plus son caractere ombrageux s’ameliore. Cela a d’ailleurs un drole de nom, Rayenari. Cela parait que i§a veut penser “soleil” en dialecte indien Tarahumara du Mexique. Selon la rumeur, elles auraient vecu quelques temps libre chez ces gens la et les robes bariolees qu’elles portent tous les jours de leur vie viendraient des usages vestimentaires de votre lointain pays. La plupart personnes insinuent aussi qu’elles auraient ramene des moeurs bizarres Afin de ne point penser paiennes de leur sejour chez les sauvages. Mais ces racontars ne portent gui?re a consequence, tellement nos deux memes sont douces et gentilles avec n’importe qui. Au bar-tabac, leur boisson favorite leur a valu le surnom affectueux de memes grenadines. Elles seront legerement tel un rayon de vue dans le quartier tel les prenoms de fleurs qu’elles portent. Notre plus agees s’appellent Marguerite, la moins i?ge d’un an, Iris. Depuis bientot vingt ans, elles vivent ensemble dans un petit studio de 25 m2 d’un vieil immeuble d’la rue de la Grange aux Belles. Il faut dire que un petite retraite ne un permet aucun s’installer dans un autre quartier et celui-ci apres tout, coi»te bien des autres. Ailleurs, elles ne s’y retrouveraient nullement. Elles y paraissent nees au 10 eme et leurs reves d’evasions depuis un moment se seront ecoules avec les eaux du canal St Martin.Sur ses berges, elles y ont connu leur premier amour, doux souvenir d’une epoque ou leurs preux chevaliers leur donnaient rendez-vous des fleurs de violette a la main. Premier baiser accorde, premieres fleurs offertes.Pourtant, elles ne se sont jamais mariees, fuyant au dernier moment dans une pirouette des liens indissolubles qui les effrayaient tant. Mes fiances finirent avec se lasser et les jeunes filles en fleur par se resigner a vieillir doucement dans ce quartier ou elles etaient nees.Pourtant un vie n’a jamais ete faite de une telle sorte d’ennui profond ou l’on s’enfonce sinon avec delectation, du moins avec resignation. Surtout depuis que ces dames seront a Notre retraite. La vie Afin de elles, a toujours ete une aventure a construire au jour Au moment, meme si l’espace requis est circonscrit a toutes les limites de leur arrondissement. Il va i?tre vrai que l’aventure pour etre vecue n’a pas besoin d’espace, il suffit qu’elle passe. Ici ou ailleurs importe peu, c’est l’esprit qui l’impulse qui compte et, d’esprit, des memes grenadines n’en manque guere.D’ailleurs, c’est l’une de leur aventure qui apres une longue periode de presence et d’observation tenace dans le bar-tabac a fini via m’etre contee avec Monique, la charmante patronne.